général d’armée, et général vainqueur : rien qu’à observer deux fois la façon dont les Vendéens se battent, il trouverait le moyen de finir la guerre « à la première rencontre[1] ». — « Si je pouvais supporter la route, je m’offrirais pour mettre mes vues à exécution ; à la tête d’un petit corps de troupes sûres, il est facile d’ensevelir, dans un seul jour, jusqu’au dernier des rebelles. Je ne suis pas étranger à l’art militaire, et je pourrais sans jactance répondre du succès. » — S’il y a des difficultés, c’est parce qu’on n’a point écouté ses avis ; il est le grand médecin politique : depuis le commencement de la Révolution, son diagnostic a toujours été sûr, son pronostic infaillible, sa thérapeutique efficace, humaine et salutaire. Il apporte la panacée, permettez qu’il l’administre ; seulement, pour qu’elle opère bien, il doit l’administrer lui-même. Mettez donc entre ses mains la lancette publique, afin qu’il puisse pratiquer la saignée humanitaire. « Telle a été mon opinion, je l’ai imprimée dans mes écrits, j’y ai mis mon nom et je n’en rougis pas. Si vous n’êtes pas à la hauteur de m’entendre, tant pis pour vous[2]. » En d’autres termes, aux yeux de Marat, Marat, unique entre tous par la supériorité de son génie et de son caractère, est l’unique sauveur.
Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/212
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
LA RÉVOLUTION