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LA RÉVOLUTION


tique, nous détruirons l’officine et nous empêcherons le débit de la drogue ; il n’y aura plus de culte catholique en France, pas un baptême, pas une confession, pas un mariage, pas une extrême-onction, pas une messe : nul ne fera ou n’écoutera un sermon, personne n’administrera ou ne recevra un sacrement, sauf en cachette, et avec l’échafaud ou la prison pour perspective. — À cet effet, nous procéderons par ordre. Pour l’Église qui se dit orthodoxe, point d’embarras : ses membres, ayant refusé le serment, sont hors la loi : on s’exclut d’une société quand on en répudie le pacte : ils ont perdu leur qualité de citoyens, ils sont devenus de simples étrangers, surveillés par la police ; et, comme ils propagent autour d’eux la désaffection et la désobéissance, ils ne sont pas même des étrangers, mais des séditieux, des ennemis déguisés, les auteurs d’une Vendée diffuse et occulte ; nous n’avons pas besoin de les poursuivre comme charlatans, il suffit de les frapper comme rebelles. À ce titre, nous avons déjà banni de France les ecclésiastiques insermentés, environ 40 000 prêtres, et nous déportons tous ceux qui n’ont pas franchi la frontière dans le délai fixé ; nous ne souffrons sur le sol français que les sexagénaires et les infirmes, et encore à l’état de détenus et de reclus ; peine de mort contre eux, s’ils ne viennent pas s’entasser dans la prison de leur chef-lieu ; peine de mort contre les bannis qui rentrent ; peine de mort contre les rece-

    sentants du peuple, ni fournir à qui que ce soit le prétexte d’inquiéter le patriotisme et de ralentir l’essor de l’esprit public. »