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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« un district au directoire du département ; l’on ne connaît plus d’autorités : les administrations de district et les municipalités sont avilies et sans force pour se faire respecter… On ne menace plus que de tuer, que d’écraser les maisons, les livrer au pillage ; on projette d’abattre tous les châteaux. Déjà la municipalité d’Achères, avec beaucoup d’habitants, s’est transportée à Oison et à Chaussy où l’on a tout cassé, brisé, emporté. Le 16 septembre, six particuliers armés sont allés chez M. de Vaudeuil et se sont fait remettre une somme de 300 livres pour amendes qu’ils ont prétendu avoir ci-devant payées. Nous avons été avertis qu’on doit aller aujourd’hui pour le même objet chez M. Dedeley, à Achères. M. de Lory est menacé de la même chose… Enfin, tous ces gens-là disent qu’ils ne veulent plus aucunes administrations ni tribunaux, qu’ils ont la loi et la feront exécuter. Dans l’extrémité où nous nous sommes trouvés, nous avons pris le seul parti convenable, celui de souffrir en silence toutes les avanies dont nous avons été l’objet. Nous n’avons pas eu recours à vous ; car nous avons senti combien vous étiez vous-mêmes embarrassés. » — Effectivement, au chef-lieu, la meilleure partie de la garde nationale ayant été désarmés, il n’y a plus de forces contre l’émeute. Par suite, à la même date[1], la populace, grossie par l’afflux des « étrangers »

  1. Archives nationales, F7, 3223. Rapport des administrateurs du département et du conseil général de la commune d’Orléans, 16 et 17 septembre. (Le désarmement avait été exécuté en vertu des décrets du 26 août et du 2 septembre.)