les volontaires se comporter en France comme en un pays conquis. Tantôt ils opèrent des visites domiciliaires et cassent tout chez le particulier visité ; tantôt ils font rebaptiser des enfants par le curé conformiste et tirent sur le père orthodoxe. Ici, de leur propre chef, ils font des arrestations ; là-bas, ils se joignent aux séditieux qui retiennent des bateaux de grains. Ailleurs, ils contraignent la municipalité à taxer le pain ; plus loin, ils brûlent ou saccagent des châteaux, et, si le maire leur représente que le château appartient maintenant, non à un émigré, mais à la nation, ils lui répondent « par des poussées » en le menaçant de lui couper le cou[1]. — Aux approches du 10 août, le fantôme d’autorité, qui parfois leur imposait encore, s’évanouit tout à fait, et
- ↑ Archives nationales, F7, 3193. Procès-verbal des commissaires du département de l’Aveyron, 4 avril 1792 : « Parmi les pillards et les incendiaires des châteaux de Privezac, Vaureilles, Péchins et autres maisons menacées, il y avait nombre de recrues qui avaient déjà pris la route de Rodez pour se rendre à leurs régiments respectifs. » Du château de Privezac, il ne reste qu’un tas de ruines ; les maisons du village sont « gorgées d’effets pillés », et les habitants se sont partagé les bestiaux du propriétaire. — Comte de Seilhac, Scènes et portraits de la Révolution dans le bas Limousin, 305. Pillage des châteaux de Saint-Jéal et de Seilhac, le 12 avril 1793, par le 3e bataillon de la Corrèze, commandé par Bellegarde, ancien domestique du château.
27 décembre 1791. — F7, 3285 et 3286. Lettres du directoire du département de l’Aisne, 9 et 10 mars 1792. — F7, 3213. Lettre de Servan, ministre de la guerre, à Roland, 12 juin 1792 : « Je reçois, ainsi que vous et M. Le ministre de la justice, des plaintes très fréquentes contre les volontaires nationaux. Ils se portent journellement à des excès très répréhensibles dans les lieux où ils sont cantonnés ou par où ils passent pour se rendre à leur destination. » — Ib. Lettre de Duranthon, ministre de la justice, 5 mai : « Ces faits se répètent, avec des circonstances plus ou moins aggravantes, dans tous les départements. »