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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« ceux qui consentaient à se souiller les mains en touchant à la liste civile, » pour « les 40 000 sicaires qui s’étaient rassemblés au château dans la nuit du 9 au 10 août,… ce sont des monstres furieux qu’il faut étouffer jusqu’au dernier. Peuple… tu t’es levé ; reste debout jusqu’à ce qu’il n’existe plus un seul des conspirateurs. Il est de ton humanité de te montrer inexorable une fois. Frappe les méchants de terreur ; les proscriptions dont nous te faisons un devoir sont la sainte colère de la patrie. » — Il n’y a pas à se méprendre : c’est le tocsin qui sonne contre tous les pouvoirs établis et contre toutes les supériorités sociales, contre les administrations, les tribunaux et les états-majors, contre les prêtres et les nobles, contre les propriétaires, les capitalistes, les rentiers, les chefs du négoce et de l’industrie, bref contre l’élite ancienne ou nouvelle de la France. Les Jacobins de Paris donnent le signal par leur exemple, par leurs journaux, par leurs missionnaires, et, dans les départements, leurs pareils, imbus des mêmes principes, n’attendent qu’un appel pour s’élancer.

II

En plusieurs départements[1], ils ont devancé l’appel, et, dans le Var par exemple, dès le mois de mai, les pil-

  1. Cf. la Révolution, IV, 246. Dans dix départements, la septième jacquerie continue sans interruption la sixième. Entre autres exemples, ou peut lire (Archives nationales, F7, 3271) cette lettre des administrateurs du Tarn, 18 juin 1792 : « Des attroupements nombreux parcouraient la ville (Castres) et la campagne. Ils