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LA RÉVOLUTION


à la trace, on les prend sur le fait, on a leurs autographes ; ils ont concerté l’opération, ils la commandent, ils la conduisent. Le 30 août, la Commune a décidé que les sections jugeraient les détenus, et, le 2 septembre, cinq sections affidées lui répondent en arrêtant que les détenus seront égorgés[1]. Le même jour, 2 septembre, Marat entre au comité de surveillance. Le même jour, 2 septembre, Panis et Sergent signent la commission de « leurs camarades » Maillard et consorts à l’Abbaye et leur « ordonnent de juger », c’est-à-dire de tuer les prisonniers[2]. Le même jour et les jours suivants, à la Force, trois membres de la Commune, Hébert, Monneuse et Rossignol, président tour à tour le tribunal des assassins[3]. Le même jour, un commissaire du comité de surveillance vient à la section des Sans-Culottes requérir douze hommes pour aider au massacre des prêtres de Saint-Firmin[4]. Le même jour, un commissaire de la Commune visite les diverses prisons pendant qu’on y égorge, et trouve que « tout s’y passe également bien[5] ». Le même jour, à cinq heures du soir, le substitut de la

  1. Procès-verbaux de la Commune, 30 août. — Mortimer-Ternaux, III, 217 (arrêtés des sections Poissonnière et du Luxembourg). — Granier de Cassagnac, II, 104 (adhésion des sections Mauconseil, Louvre et Quinze-Vingts).
  2. Granier de Cassagnac, II, 156.
  3. Mortimer-Ternaux, III, 265. — Granier de Cassagnac, XII, 402. Les cinq autres juges étaient aussi des membres de la Commune.
  4. Granier de Cassagnac, II, 313. Registre de l’assemblée générale de la section des Sans-Culottes, 2 septembre. — Mémoires sur les journées de septembre, 151 (déclaration de Jourdan).
  5. Mémoires sur les journées de septembre. Relation de l’abbé Sicard, 111.