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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« nouvelle, existe (en fait) depuis 1789. Les agents du duc d’Orléans en formèrent le premier noyau. Elle se grossit, s’organisa, reçut des commandants, des lieux de rendez-vous, des mots d’ordre, un argot… Toutes les révolutions se sont exécutées avec son secours ; elle donnait le mouvement aux violences populaires partout où elle ne paraissait pas en masse. Elle faisait porter le buste de Necker et fermer les théâtres le 12 juillet 1789, courir la populace à Versailles le 5 octobre, arrêter le roi dans la cour des Tuileries le 20 avril 1791… Conduite par Westermann et Fournier et grossie par les galériens de Brest et de Marseille, elle fut le bataillon central de l’attaque du 10 août 1792 ; elle exécuta les massacres de septembre ; elle a couvert les Maratistes à la journée du 31 mai 1793… Sa composition répond à ses exploits et à ses fonctions. Elle renferme les scélérats les plus déterminés, les brigands d’Avignon, l’écume de Marseille, du Brabant, de Liège, de la Suisse, de la côte de Gênes. » Par un triage soigné[1] on va la vérifier, la fortifier, l’empirer, et faire d’elle un corps légal de janissaires à triple solde ; une fois « grossie des perruquiers désœuvrés, des laquais sans place, des faiseurs de motions en plein air, des misérables hors d’état de gagner leur pain par un travail honnête », elle pourra fournir les détachements qui tiendront garnison à Bor-

    lent faire ce métier. » (Prudhomme, Crimes de la Révolution, V, 130.)

  1. Buchez et Roux, XXIX, 152.