« la chose dure plus longtemps, dit-il aux Cordeliers[1], si la Montagne est plus longtemps impuissante, j’appelle le peuple et je dis aux tribunes : Descendez ici délibérer avec nous. » — Pour commencer, le 27 mai, à propos de l’arrestation d’Hébert et consorts, la Montagne, appuyée par les galeries, fait rage[2]. Vainement la majorité s’est prononcée et se prononce à plusieurs reprises. « S’il y a cent bons citoyens, dit Danton, nous résisterons. — Président, crie Marat à Isnard, vous êtes un tyran, un infâme tyran. — Je demande, dit Couthon, que le président soit cassé. — À l’Abbaye le président ! » — La Montagne a décidé qu’il ne présidera pas ; elle descend de ses bancs et court sur lui, elle parle de « l’assassiner », elle brise sa voix à force de vociférations, elle l’oblige à quitter son fauteuil, de lassitude et d’épuisement ; elle chasse de même Boyer-Fonfrède, qui lui succède, et finit par mettre au fauteuil un de ses complices, Hérault de Séchelles. — Cependant, à l’entrée de la Convention, « les consignes ont été violées, » une multitude de gens armés « se sont répandus dans les couloirs et obstruent toutes les avenues » ; les députés Meillan, Chiappe et Lidon, ayant voulu sortir, sont arrêtés, on met à Lidon « le sabre sur la poitrine[3] », et les meneurs du dedans excitent, protègent, justifient leurs affidés du dehors. — Avec son audace ordinaire,
Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/240
Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
LA RÉVOLUTION