Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« d’un tambour d’alarme, et précédés d’une milice. » De temps en temps, ils font « une halte solennelle », et déclament contre Brissot, Vergniaud, Guadet, puis « ils demandent et recueillent des signatures[1] », — Ainsi extorquée et portée à la Convention par le maire, au nom du conseil général de la Commune et de trente-cinq sections, la pétition impérieuse dénonce vingt-deux Girondins comme traîtres et réclame insolemment leur expulsion. — Un autre jour, il se trouve qu’une sommation pareille et présentée de même au nom des quarante-huit sections n’est autorisée que par treize ou quatorze[2]. — Parfois la parade politique est plus impudente encore. De prétendus députés du faubourg Saint-Antoine viennent signifier à la Convention le programme révolutionnaire. « Si vous ne l’adoptez pas, disent-ils, nous déclarons que nous sommes en état d’insurrection ; 40 000 hommes sont à la porte[3]. » Le fait est « qu’une cinquantaine de bandits, à peine « connus dans le faubourg », et conduits par un ci-devant tapissier devenu commissaire de police, ont « ramassé sur leur route tout ce qu’ils ont trouvé dans les ateliers et dans les boutiques », et que la multitude, entassée sur la place Vendôme, ne sait pas ce qu’ils viennent dire en son nom[4]. — Si factice que soit

  1. Fragment, par Lanjuinais (dans les Mémoires de Durand de Maillane, 297).
  2. Meillan, 113.
  3. Buchez et Roux, XXVI, 319 (12 mai). — Meillan, 113.
  4. Buchez et Roux, XXVI, 327. La foule avertie finit par envoyer de nouveaux députés qui disent des premiers : « Nous les désavouons ».