Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
LA RÉVOLUTION


bruyante sur la voie publique. Alors, faute de mieux, on les voit à plusieurs reprises, surtout dans les premiers jours de mai, revenir aux assemblées de section ; ils s’y trouvent en majorité et prennent des délibérations contre la tyrannie jacobine : à la section Bon-Conseil, aux sections de Marseille et de l’Unité, Lhuillier est hué, Marat menacé, Chaumette dénoncé[1]. — Mais ce n’est là qu’un feu de paille ; pour dominer à demeure dans ces assemblées permanentes, il faudrait que les modérés, comme les sans-culottes, fussent assidus et prêts à faire le coup de poing tous les soirs. Par malheur, les jeunes gens de 1793 n’ont pas encore l’expérience douloureuse, la rancune profonde, la rudesse athlétique qui les soutiendra en 1795. « Après une soirée où presque partout les chaises ont été cassées[2] » sur le dos des contendants, ils faiblissent, ils ne reviennent plus, et, au bout de quinze jours, les tape-dur de profession triomphent sur toute la ligne. — Pour mieux terrasser les résistances, les assommeurs se sont ligués par un acte exprès, et vont, de section en

  1. Buchez et Roux, XXV, 240 et 246. Protestations de la section du Mail, du corps électoral, des sections de l’Arsenal, du Marais, des Gravilliers et des Arcis. (Convention, séance du 2 avril ; Commune, séance du 2 avril.) — XXVI, 358. Protestations des sections Bon-Conseil et de l’Unité (5 mai). — XXVII, 71. Défaite des anarchistes dans la section de la Butte-des-Moulins. « Un grand nombre de sections manifestent hautement. L’intention de terrasser l’anarchie. » (Patriote français, 15 mai). — Ib., 157. Protestation des sections du Panthéon-Français, des Piques, du Mail et de plusieurs autres (Patriote français, 19 mai). — Ib., 175. Protestation de la section de la Fraternité (séance de la Convention, 23 mai).
  2. Schmidt, I, 189 (Dutard, 6 mai).