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LA RÉVOLUTION


« égard à l’inviolabilité d’un représentant de la nation française[1] », elle décide qu’en cas de dénonciation politique ses propres membres pourront être mis en accusation.

V

« Il me semble, écrit un observateur ironique[2], vous entendre dire à la faction : Tenez, nous avons des moyens, mais nous ne voulons pas en faire usage contre vous ; il n’y aurait pas de cœur à vous attaquer lorsque vous n’êtes pas en force. La force publique émane de deux principes, de l’autorité légale et de la force armée. Eh bien, nous allons d’abord créer des comités de surveillance dont nous vous établirons les chefs, parce que, avec cette verge, vous pourrez donner le fouet à toutes les personnes honnêtes de Paris et régler l’esprit public. Nous voulons faire plus, car le sacrifice ne serait pas complet : nous voulons vous faire présent de notre force armée, en vous autorisant à désarmer les gens qui vous seront suspects. Quant à nous, nous sommes prêts à vous rendre jusqu’à nos couteaux de poche[3] ;

  1. Décret du 1-5 avril.
  2. Schmidt, I, 232. Rapport de Dutard, 10 mai.
  3. Archives nationales, F7, 2401 à 2505. Registres des délibérations des sections de Paris. — Beaucoup de ces registres commencent le 28 mars 1793 et contiennent les délibérations des comités révolutionnaires : par exemple, F7, 2475, section des Piques ou de la place Vendôme. On voit par les procès-verbaux du 28 mars et des jours suivants qu’on enlève aux suspects jusqu’aux moindres armes, cannes à épée, cannes à poignard, cannes à dard, épées de toilette à poignée d’acier ou d’argent.