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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


tance spontanée, des fédérés provinciaux, et, loin d’organiser ces auxiliaires de passage en un corps permanent de défenseurs fidèles, elle les laisse disperser ou corrompre par Pache et les Jacobins. — Elle a décrété à plusieurs reprises la punition des fauteurs de septembre, et, sur leur pétition menaçante, elle ajourne indéfiniment les poursuites[1]. — Elle a mandé à sa barre Fournier, Lazowski, Desfieux et les autres meneurs qui, le 10 mars, ont voulu la jeter par les fenêtres, et, sur leur apologie impudente, elle les renvoie absous, libres et prêts à recommencer[2]. — Au ministère de la guerre, elle élève tour à tour deux Jacobins sournois, Pache et Bouchotte, qui ne cesseront de travailler contre elle. Au ministère de l’intérieur, elle laisse tomber Roland, son plus ferme appui, et nomme à sa place Garat, un idéologue, dont l’esprit, composé de généralités creuses, et le caractère, pétri de velléités contradictoires, s’effondrent en réticences, en mensonges, en demi-trahisons sous le poids de son office trop lourd. — Elle vote le meurtre du roi, ce qui met une mare de sang infranchissable entre elle et les gens honnêtes. — Elle lance la nation dans une guerre de principes[3] et provoque contre la France une ligue

  1. Moniteur, XV, 395, séance du 8 février 1793.
  2. Décrets des 13 et 14 mars.
  3. Moore, II, 44 (octobre 1792). Danton déclare à la tribune que « la Convention doit être un comité d’insurrection contre tous les rois de l’univers ». — Sur quoi Moore remarque que c’est déclarer la guerre à toute l’Europe, sauf la Suisse. — Mallet du Pan, Considérations sur la Révolution de France, 37 : « Dans une lettre dont le hasard m’a procuré la connaissance, Brissot écrivait à l’un