« faire (les extravagants), ils se font connaître, ils s’usent ». — Souvent les motifs allégués sont scandaleux ou grotesques ; Selon Barbaroux, il faut voter l’exécution immédiate ; parce que c’est le meilleur moyen de disculper la Gironde et de fermer la bouche à ses calomniateurs jacobins[1]. Selon Berlier, il faut voter le mort ; car à quoi bon voter l’exil ? Louis XVI serait déchiré avant d’arriver à la frontière[2]. » — La veille de l’arrêt, Vergniaud disait à M. de Ségur : « Moi, voter la mort ! c’est m’insulter que de me croire capable d’une action aussi indigne. » Et il en détaillait l’offreuse iniquité, l’inutilité, le danger même. — « Je resterais, disait-il, seul de mon opinion que je ne voterais pas la mort[3] » ; et le lendemain, ayant voté comme on sait, il s’excuse en disant « qu’il n’a pas cru devoir mettre en balance la chose publique avec la vie d’un seul homme[4] ». Quinze à vingt députés, entraînés par son exemple, ont voté comme lui, et cet appoint a suffi pour déplacer la majorité[5] — Même faiblesse aux autres moments décisifs. Chargé de dénoncer la conjuration du 10 mars, Vergniaud l’attribue aux aristocrates et avoue à Louvet « qu’il n’a pas voulu nommer les vrais conspirateurs, de peur de trop aigrir des hommes violents et déjà portés à tous les
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LA RÉVOLUTION