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LA RÉVOLUTION


commission des subsistances ; tantôt ils interviennent dans le cours de la justice, soit pour aggraver la procédure, soit pour empêcher l’exécution des arrêts rendus[1]. Point de principe, loi, règlement, sentence, établissement ou homme public qui ne soit à la discrétion de leur arbitraire. — Et, comme ils ont fait main basse sur le pouvoir, ils font main basse sur l’argent. Non seulement ils ont arraché à l’Assemblée 850 000. francs par mois avec les arrérages à partir du 1er janvier 1792, en tout plus de 6 millions, pour défrayer leur police militaire, c’est-à-dire pour payer leurs bandes[2] ; mais encore, « revêtus de l’écharpe municipale », ils saisissent, dans « les hôtels de la nation, les meubles et tout ce qu’il y a de plus précieux ». — « Dans une seule maison, ils en enlèvent pour 100 000 écus[3]. » Ailleurs, chez le trésorier de la liste civile, ils s’approprient un carton de bijoux, d’effets précieux et 540 000 livres[4]. Leurs commissaires ramènent de Chantilly trois voitures à trois chevaux « chargées des dépouilles de M. de Condé »,

  1. Procès-verbaux de la Commune, 21 août : Arrêté pour exiger que, dans les procès de lèse-nation, les défenseurs officieux soient munis d’un certificat de probité délivré par leur section assemblée, et que les conférences entre eux et l’accusé soient publiques. — Ib., 17 août : Arrêté pour suspendre l’exécution des deux assassins du maire Simoneau, condamnés à mort par le tribunal de Seine-et-Oise.
  2. Mortimer-Ternaux, III, 11. Décret du 11 août.
  3. Prudhomme, Révolutions de Paris, n° du 22 septembre. (Rapport de Roland à l’Assemblée nationale, le 16 septembre, à 9 heures du matin.)
  4. Mme Roland, Mémoires, II, 414 (édit. Barrière et Berville). Rapport de Roland du 29 octobre. La saisie dont il s’agit est du 27 août.