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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« cipale. Dans chacun des lieux où avait résidé le Congrès, l’autorité municipale s’opposait, par voie publique ou privée, à l’autorité du Congrès, et le peuple de chacun de ces lieux s’attendait à être compté et considéré par le Congrès pour une part plus grande que celle qui lui revenait dans une confédération d’États égaux. Les mêmes inconvénients se produisent maintenant en France, mais avec de plus grands excès. » — Danton sait cela et il est assez clairvoyant pour comprendre le danger ; mais le pli est pris, et il l’a donné lui-même. Depuis le 10 août, Paris tient la France asservie, et une poignée de révolutionnaires tyrannise Paris[1].

I

Grâce à la composition et à la tenue des assemblées de section, la source première du pouvoir est restée jacobine et se teint d’une couleur de plus en plus foncée ; par suite, les procédés électoraux qui, sous la Législative, avaient formé la Commune usurpatrice du

  1. Moore, I, 185 (20 octobre) : « Il est évident que, quoique tous les départements de la France aient en théorie une part égale dans le gouvernement, pourtant, en fait, le département de Paris s’est approprié à lui seul tout le pouvoir du gouvernement. — Par la pression de l’émeute, Paris fait la loi à la Convention et à toute la France. » Moore, II, 534 (pendant le procès du roi) : « Tous les départements, y compris celui de Paris, sont en réalité obligés de se soumettre souvent à la tyrannie criarde d’une bande de coquins soldés qui, dans les tribunes, usurpent le nom et les fonctions du peuple souverain, et qui, dirigés secrètement par un petit nombre de démagogues, gouvernent cette malheureuse nation. » — Cf. Ib., II (13 novembre.)