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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


par ses propres principes et, à leur tour, les purs Jacobins lui font la leçon ; eux aussi, ils savent tirer les conséquences de leur dogme. « Frère et ami, monsieur, écrivent ceux, de Rouen[1], pour n’être pas sans cesse comme aux genoux de la municipalité, nous nous sommes déclarés sections de la commune délibérantes et permanentes. » Que les soi-disant autorités constituées, que les formalistes et pédants du conseil exécutif, que le ministre de l’intérieur y regarde à deux fois avant de blâmer l’exercice de la souveraineté populaire. Le souverain élève la voix et fait rentrer ses commis sous terre : spoliations et meurtres, tout ce qu’il a fait est juste. « Auriez-vous oublié, après la tempête, ce que vous avez dit vous-même, dans le fort de l’orage, que c’est à la nation à se sauver elle-même ? Eh bien, c’est ce que nous avons fait[2]… Quoi ! lorsque la France

    Convention nationale, les administrateurs de département et de district de la faculté d’exercer et d’agir pour le plus grand avantage de la commune, mais que, du moment qu’elle s’est nommé des administrateurs et des agents, elle ne peut plus, sans une subversion totale de l’ordre, ressaisir les pouvoirs qu’elle a donnés, etc. ? » — Il faudrait pouvoir citer toutes les pièces de cette affaire ; rien de plus instructif et de plus comique, notamment le style du secrétaire-greffier de Saint-Firmin : « Nous vous conjurons de vous souvenir que les administrateurs du district de Senlis veulent jouer le rôle des Sirènes qui essayèrent d’enchanter Ulysse. »

  1. Archives nationales, F7, 3265. Lettre du bureau central des sections de Rouen, 30 août.
  2. Ib., F7, 3265, Lettre des trois corps administratifs et des commissaires des sections de Marseille, 15 novembre 1792. Lettre des électeurs des Bouches-du-Rhône, 28 novembre. — (Les formules de politesse sont omises à la fin de ces lettres, et certainement avec intention.) — Roland leur répond (31 décembre) : « Tout en applaudissent au civisme des courageux habitants de Mar-