appétits aboyants qui se lancent à la curée. — Pour les connaître à fond, Roland n’a qu’à feuilleter un dernier dossier, celui du département voisin, et à considérer leurs collègues du Var. Dans ce grand naufrage de la raison et de la probité qu’on appelle la révolution jacobine, quelques épaves surnageaient encore : c’étaient les administrations du département, composées en beaucoup d’endroits de libéraux, amis de l’ordre ; éclairés, intègres et défenseurs persévérants de la loi. Tel était le directoire du Var[1]. Pour se débarrasser de lui, les Jacobins de Toulon ont imaginé un guet-apens digne des Borgia et des Oliveretto du seizième siècle[2]. Le 28 juillet au matin, Sylvestre, président du club, a distribué à ses affidés de la banlieue et de la ville un énorme sac
- ↑ Archives nationales, F7, 3272. Lire dans ce dossier toute la correspondance du directoire et de l’accusateur public.
- ↑ Ib. Délibération de la commune de Toulon, 28 juillet et jours suivants. — Délibération des trois corps administratifs, 10 septembre. — Lauvergne. Histoire du département du Var, 104-137.
brigands marseillais se sont introduits dans une maison à moi, située près d’Apt. Non contents d’enlever six charretées de meubles,… ils ont encore brisé les glaces et les boiseries. » Le dommage est évalué 80 000 francs. — Rapport au Conseil exécutif d’après le procès-verbal de la municipalité de la Coste. Le 27 septembre, Montbrion, commissaire de l’administration des Bouches-du-Rhône, envoie deux huissiers pour amener le mobilier à Apt. Arrivés à Apt, Montbrion et son collègue Bergier font décharger les voitures, en chargent une avec les effets les plus précieux, se l’approprient et l’emmènent fort loin, à l’écart, en payant pour celle-ci les voituriers de leur poche : « Il ne reste aucun doute sur la friponnerie de Montbrion et de Bergier, administrateurs et commissaires de l’administration du département. » — Le marquis de Sade, qui est l’auteur de Justine, allègue son civisme notoire et les pétitions ultra-révolutionnaires qu’il a rédigées au nom de la section des Piques.