Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
286
LA RÉVOLUTION


sique ne s’est étalée et appliquée avec une plus franche impudeur.

Le lendemain, 9 août, les abords de l’Assemblée sont entourés de gens armés, et il y a des sabres jusque dans les corridors[1]. Plus impérieuses que jamais, les galeries éclatent en applaudissements, en ricanements d’approbation et de triomphe, à mesure que les attentats de la veille sont dénoncés à la tribune. Vingt fois le président rappelle les perturbateurs à l’ordre ; sa voix et le bruit de sonnette sont toujours couverts par les rumeurs. Impossible d’opiner : la plupart des représentants maltraités la veille écrivent qu’ils ne reviendront pas aux séances ; d’autres, présents, déclarent qu’ils ne voteront plus « si on ne leur assure la liberté de délibérer d’après leur conscience ». — À ce mot qui exprime le vœu secret de à l’Assemblée presque entière[2] », « tous les membres de la droite et un grand nombre de membres

  1. Moniteur, XIII, 370. — Cf. Ib., la lettre de M. Chapron. — Ib., 372. Discours de M. de Vaublanc. — Moore, A journal during a residence in France, I, 25 (9 août) : « L’impertinence du peuple des galeries est intolérable… » Il y eut « un bruyant et universel éclat de rire de toutes les galeries » à la lecture de la lettre dans laquelle un député écrivait qu’on l’avait menacé de lui couper la tête. — « Cinquante membres vociférant à la fois, une tempête auprès de laquelle la nuit la plus bruyante dont j’aie été témoin à la Chambre des Communes était le calme… »
  2. Moniteur, XIII, 371. — La Fayette, I, 467 : « Le 9 août, ainsi qu’on peut le voir dans les éditions du Logographe qui n’ont pas été mutilées, l’Assemblée presque entière se leva pour déclarer qu’elle n’était pas libre. » — Ib., 473 : « Le 9 août, l’Assemblée avait voté un décret pour déclarer qu’elle n’était pas libre. Ce décret fut déchiré le 10, il n’en est pas moins vrai qu’on l’avait rendu. »