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LA RÉVOLUTION


volonté pour le dimanche suivant sur le boulevard de la Madeleine-Saint-Honoré. Le 6 août, un commis de la poste, Varlet, au nom des pétitionnaires du Champ de Mars, signifie à l’Assemblée le programme de la faction : déchéance du roi, accusation, arrestation et jugement expéditif de La Fayette, convocation immédiate des assemblées primaires, suffrage universel, licenciement de tous les états-majors, renouvellement de tous les directoires de département, rappel de tous les ambassadeurs, suppression de la diplomatie, retour à l’état de nature. — À présent, que les Girondins atermoient ; négocient, louvoient et raisonnent tant qu’ils voudront : leur hésitation n’aura d’autre effet que de les reléguer au second plan ; comme tièdes et timides. Grâce à eux, la faction a maintenant ses assemblées délibérantes, son pouvoir exécutif, son siège central de gouvernement, son armée grossie, éprouvée, toute prête, et, de gré ou de force, son programme s’exécutera.

V

Il s’agit d’abord de contraindre l’Assemblée à déposer le roi, et déjà, à plusieurs reprises[1], le 26 juillet, le

  1. Carra, Précis historique sur l’origine et les véritables auteurs de l’insurrection du 10 août. — Barbaroux, Mémoires, 49. — Le directoire d’exécution, nommé par le comité central des fédérés, tint sa première séance au cabaret du Soleil d’or, place de la Bastille, la seconde au Cadran bleu, sur le boulevard, la troisième dans la chambre d’Anthoine, qui logeait alors dans la même maison que Robespierre. C. Desmoulins assistait à cette séance ; les principaux membres de ce directoire étaient