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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


choc. — D’autre part, ils ont eu soin de fournir à l’émeute un corps de bataille et une avant-garde. Par une autre série de décrets législatifs et d’arrêtés municipaux, ils autorisent le rassemblement des fédérés à Paris, ils leur allouent une solde et un logement militaire[1], ils leur permettent de s’organiser sous un comité central qui siège aux Jacobins et prend des Jacobins le mot d’ordre. De ces nouveaux venus, les deux tiers, vrais soldats et vrais patriotes, partent pour le camp de Soissons et la frontière ; mais il en reste un tiers à Paris[2], peut-être 2000, émeutiers et politiques, qui, fêtés, régalés, endoctrinés, hébergés chacun chez un Jacobin, deviennent plus jacobins que leurs hôtes et s’incorporent dans les bataillons révolutionnaires[3] pour y servir la bonne cause à coups de fusil. — Deux pelotons, qui sont arrivés plus tard, demeurent distincts et n’en sont que plus redoutables, l’un et l’autre envoyés par ces villes de mer dans lesquelles, quatre mois auparavant, on comptait déjà « vingt et un faits d’insurrection capi-

  1. Décret du 2 juillet.
  2. Mortimer-Ternaux, II, 129. — Buchez et Roux, XV, 458. D’après le rapport du ministre de la guerre, lu le 30 juillet dans la séance du soir, 5314 fédérés départementaux étaient partis de Paris entre le 14 et le 30 juillet ; or, le 17 juillet, Pétion écrivait que le relevé des fédérés présents à Paris était alors de 2960, « dont 2032 se disposaient à se rendre au camp de Soissons ». — La comparaison de ces trois chiffres conduit au chiffre approximatif que j’ai adopté.
  3. Buchez et Roux, XVI, 120, 333, séance des Jacobins, 6 août. Les fédérés « ont pris l’arrêté de surveiller le château, en se rangeant chacun dans les bataillons respectifs de la section dans laquelle ils sont logés, et beaucoup sont incorporés dans les bataillons du faubourg Saint-Antoine ».