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LA RÉVOLUTION


sa figure de fantoche est restée dans l’imagination populaire ; d’ailleurs, les rudes gaillards qui s’assemblent de nuit chez Santerre ont besoin d’un homme de plume et probablement il fournit le style. — Le conciliabule comprend des affidés plus subalternes encore : « Brière, marchand de vin, Nicolas, sapeur au bataillon des Enfants-Trouvés, Gonor, se disant vainqueur de la Bastille[1] », Rossignol, ancien soldat, puis compagnon orfèvre, qui, après avoir présidé aux massacres de la Force, général improvisé, promènera dans la Vendée son incapacité, sa crapule et son brigandage ; d’autres encore, sans doute Huguenin, ex-avocat ruiné, ensuite carabinier, puis déserteur, puis commis aux barrières, maintenant porte-parole du faubourg Saint-Antoine et finalement président de la Commune de septembre ; sans doute aussi le grand aboyeur du Palais-Royal, Saint-Huruge, surnommé le Père Adam, un marquis tombé

  1. Buchez et Roux, XV, 116. Déclaration de Lareynie, soldat volontaire du bataillon de l’Île-Saint-Louis. — Aux affidés qu’il nomme, j’ajoute Huguenin, parce qu’il fut chargé, le 20 juin, de lire la pétition des émeutiers, et Saint-Huruge, parce qu’il conduisait l’attroupement avec Santerre. — Sur Rossignol, voyez Dauban, la Démagogie à Paris, 369 (d’après les Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher). Il arrive à Fontenay, le 21 août 1793, avec le représentant Bourbotte, le commissaire général Momoro, trois adjudants, Moulins, Hasard, ex-prêtre, l’ex-comédien Grammont, et plusieurs filles. « La plus jolie partageait sa couche entre Bourbotte et Rossignol. » On les logea dans un hôtel où les scellés avaient été posés. « Les scellés furent brisés, et les bijoux, robes, ajustements de femme, furent confisqués au profit du général et de son cortège. Il n’y eut pas jusqu’à des porcelaines qui ne devinssent la proie de ces pillards, qui se disent républicains. »