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LA RÉVOLUTION


grâce de la vie[1]. — D’autre part, la gendarmerie et la troupe, instituées contre l’émeute, sont toujours incommodes aux fabricants d’émeutes. En conséquence, ils expulsent, débauchent et surtout épurent la gendarmerie et la troupe. À Cahors, c’est un brigadier de gendarmerie qu’ils chassent, « alléguant qu’il ne fréquente que des aristocrates[2] ». À Toulouse, sans parler du lieutenant-colonel qu’ils menacent de mort par lettres anonymes et forcent à sortir de la ville, c’est toute la gendarmerie qu’ils déportent dans un autre district, sous prétexte « qu’elle a des principes contraires à la Constitution[3] ». À Auch et à Rennes, par l’insubordination qu’ils provoquent dans la troupe, ils extorquent aux officiers leur démission. À Perpignan, au moyen d’une insurrection qu’ils ont fomentée, ils saisissent, battent et traînent en prison le commandant et l’état-major, qu’ils accusent « d’avoir voulu bombarder la ville avec 5 livres de poudre[4] ». — En même temps,

  1. Archives nationales, F7 ; 3220. Extrait des délibérations du directoire du département, et lettre au roi. 28 janvier 1792. — Lettre de M. Lafitau, président du directoire, 30 janvier. (L’attroupement se composait de cinq à six cents personnes. Le président a été blessé au front d’un coup d’épée et contraint de quitter la ville.) Le 20 février suivant, un député du département dénonce le directoire comme « incivique ».
  2. Ib., F7, 3223. Lettre de M. de Riolle, colonel de la gendarmerie, le 19 janvier 1792. — « Cent personnes du club des Amis de la Liberté » viennent lui demander le renvoi du brigadier. Le lendemain, après une séance du même club, « quatre cents personnes se rendent à la caserne pour renvoyer ou exterminer le brigadier ».
  3. Ib., F7, 3219. Lettre de M. Sainfal, Toulouse, 4 mars 1792. — Lettre du directoire du département, 14 mars.
  4. Ib., F7, 3229. Lettre de M. de Narbonne, ministre, à son