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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« les propriétaires et les honnêtes gens », beaucoup plus nombreux et indignés depuis longtemps, ont relevé la tête : 1200 d’entre eux se sont réunis dans l’église Saint-Honorat, « ont prêté serment de maintenir la Constitution et la tranquillité publique[1] », et se sont portés au club. Conformément aux propres statuts du club, ils s’y sont fait recevoir en masse, en qualité de gardes nationaux et de citoyens actifs. En même temps, d’accord avec la municipalité, ils ont refondu la garde nationale et recomposé les compagnies : ce qui a dissous le corps des Monnaidiers et retiré à la faction toute sa force. — Dès lors, sans aucune illégalité ni violence, la majorité au club et dans la garde nationale s’est composée de constitutionnels monarchistes, et les élections de novembre 1791 ont donné aux partisans de l’ordre presque toutes les places administratives de la commune et du district. Un homme énergique, M. Loys, médecin, a été élu maire à la place de M. d’Antonelle, et on le sait capable de marcher contre l’émeute, « tenant la loi martiale d’une main et son sabre de l’autre ». — C’en est trop, et il faut maintenant que Marseille vienne

    compagnie de la Monnaie fit distribuer publiquement des billets (adressés aux insermentés) portant ces mots : Si vous ne f… pas le camp, vous aurez affaire à la compagnie de la Monnaie. »

  1. Archives nationales, F7, 3198. Relation (imprimée) de ce qui s’est passé à Arles les 9 et 10 juin 1791. — Lettre de M. Ripert, commissaire du roi, 5 août 1791. — F7, 3197. Lettre des trois commissaires, 19 juin : « Depuis lors, quantité de laboureurs y ont prêté le même serment ; c’est la classe de citoyens qui désire le plus vivement le retour de l’ordre. » — Autres lettres des mêmes, 24 et 29 octobre, 14 décembre 1791. — Cf. La Révolution, IV, 176, 177.