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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


et pillarde, fait des expéditions, lève des contributions, conclut des alliances et entreprend à main armée la conquête du département.

II

Au préalable, elle se décide à mettre la main, sur la capitale, Aix, où le régiment suisse est allé tenir garnison et où siègent les autorités supérieures : l’opération est d’autant plus nécessaire que le directoire du département loue hautement la fidélité des Suisses et se permet de rappeler la municipalité de Marseille au respect de la loi. Une pareille remontrance est une insulte, et, d’un ton hautain, la municipalité enjoint au directoire d’avouer ou de désavouer sa lettre : « Si vous ne l’avez pas écrite, c’est une calomnie qu’il est de notre devoir de poursuivre ; sinon, c’est une déclaration de guerre que vous faites à Marseille[1]. » — En phrases polies, avec de grands ménagements, le directoire prouve son droit et son dire, remarque que « le rôle d’acompte des impôts de 1791 n’est pas encore formé à Marseille », que la municipalité y est plus occupée à sauver l’État qu’à payer ses contributions, bref il maintient son blâme. — Puisqu’il ne veut pas plier, on le brisera, et,

  1. Archives nationales, F7 ; 3197. Lettre (imprimée) du directoire au ministre de la guerre, 4 janvier 1792. — Lettre de la municipalité de Marseille au directoire, 4 janvier, et réponse du directoire. — Barbaroux, Mémoires, 19. — (On voit ici le rôle de Barbaroux à Marseille ; Guadet en a joué un semblable à Bordeaux. Cette première période politique est essentielle pour la connaissance des Girondins.)


  la révolution. iii.
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