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LA RÉVOLUTION


confère au fisc la faculté de prendre tout le revenu, parce que c’est la société et non la nature qui institue la rente ; d’où il suit, selon lui, qu’il faut décharger de toute taxe la majorité pauvre et charger de toutes les taxes la minorité riche. Système opportun, argument bien trouvé pour persuader aux contribuables indigents ou malaisés, c’est-à-dire à la majorité récalcitrante, qu’elle est justement taxée et ne doit pas refuser l’impôt. — « Sous le règne de la liberté, dit le président Daverhoult[1], le peuple a le droit de prétendre non seulement à la subsistance, mais encore à l’abondance et au bonheur. » Donc il est trahi, puisqu’il est dans la misère. — « À la hauteur où s’est élevé le peuple français, dit un autre président[2], il ne peut plus voir les orages que sous ses pieds. » L’orage arrive et fond sur sa tête ; la guerre, comme un noir nuage, monte à l’horizon, envahit les quatre coins du ciel, tonne, enveloppe dans un cercle de foudres la France remplie de matières explosibles, et c’est l’Assemblée qui, par la plus énorme de ses fautes, attire ces foudres sur la nation.

III

Avec un peu de prudence, elle aurait pu les écarter. — Deux griefs principaux étaient allégués, l’un par la France, l’autre par l’Empire. — D’une part, et très jus-

  1. Moniteur, XI, 123, séance du 14 janvier.
  2. Mercure de France, n° du 23 décembre, séance du 12 décembre.