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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


de ses membres ne serait éligible à l’assemblée prochaine et destitué d’avance l’état-major des honnêtes gens.

III

Si, malgré tant de désavantages, ceux-ci tentent de lutter, ils sont arrêtés dès le premier pas. Car, pour engager une campagne électorale, il faut au préalable s’assembler, conférer, s’entendre, et la faculté d’association que la loi leur accorde en droit leur est retirée en fait par leurs adversaires. — Pour commencer[1], les Jacobins ont hué et « lapidé » les membres du côté droit qui se réunissaient au Salon français de la rue Royale, et, selon la règle ordinaire, le tribunal de police, considérant « que cette assemblée est une occasion de troubles, qu’elle donne lieu à des attroupements, qu’elle ne peut être protégée que par des moyens violents », lui a commandé de se dissoudre. — Vers le mois d’août 1790, une seconde société s’est formée, celle-ci composée des hommes les plus libéraux et les plus sages. Malouet, le comte de Clermont-Tonnerre sont à sa tête ; ils prennent le nom d’« Amis de la Constitution monarchique », et veulent rétablir l’ordre

  1. M. de Montlosier, Mémoires, II, 309 : « Pour ce qui me concerne, je dois à la vérité de déclarer que je ne reçus à la tête que trois carottes et deux choux. » — Archives de la préfecture de police. Jugement du tribunal de police, du 15 mai 1790 — Moniteur, V, 427 : « L’exactitude des membres aux heures de l’assemblée, malgré les huées et les murmures de la multitude, semblait convaincre le peuple que, cette fois encore, on conspirait contre la liberté. »


  la révolution. iii.
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