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LA RÉVOLUTION


officiers municipaux, sommés à trois reprises de proclamer la loi martiale, refusent à trois reprises, et finissent par avouer qu’ils n’osent déployer le drapeau rouge : « Si l’on prenait ce parti, nous serions tous sacrifiés à l’instant. » En effet, ni la troupe ni la garde nationale ne sont sûres ; dans cette tiédeur universelle, le champ reste libre aux furieux, et un marchand de blé est pendu. — Tantôt les administrations tâchent de lutter, mais elles finissent par plier sous la violence. Pendant plus de six heures, écrit un des membres du district d’Étampes[1], nous avons été serrés de baïonnettes, mis en joue, et le pistolet sur la poitrine ; » il a fallu signer le renvoi des troupes qui venaient protéger le marché. À présent, « nous sommes tous absents d’Étampes ; il n’y a plus de district, il n’y a plus de municipalité » ; presque tous ont donné leur démission, ou ne reviendront que pour la donner. — Tantôt[2], et ce cas est le plus rare, les magistrats font leur devoir jusqu’au bout, et ils y périssent. Six mois plus tard,

    du département, terminé le 18 mars 1791. — Buchez et Roux, IX, 240 (Rapport de M. Alquier).

  1. Archives nationales, F7, 3268. Extrait du registre des délibérations du directoire de Seine-et-Oise, avec toutes les pièces de l’insurrection d’Étampes, du 16 septembre 1791. — Lettre de M. Venard, administrateur du district, 20 septembre. « Je ne remettrai les pieds à Étampes que lorsque le calme et la sûreté y seront rétablis, et la première opération que j’y ferai sera de consigner ma démission sur le registre. Je suis las de me tuer pour des ingrats. »
  2. Moniteur, no du 16 mars 1792. — Mortimer-Ternaux. Histoire de la Terreur (Procédure contre les assassins de Simoneau), I, 381.