Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 4, 1910.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
LA RÉVOLUTION


de barils d’or et d’argent est arrêté. Vérification faite, il a le droit de partir ; tous ses papiers sont en règle, et le département requiert le district de faire observer la loi. Mais le district répond que cela est impossible : « toutes les municipalités des côtes de la Seine attendent armées le navire au passage », et l’Assemblée nationale elle-même est obligée de décréter que le navire sera déchargé.

Si telle est la rébellion des petites communes, que doit être celle des grandes[1] ? Départements et districts ont beau requérir, la municipalité désobéit ou n’obéit pas. — « Depuis l’ouverture de ses séances, écrit le directoire de Saône-et-Loire, la municipalité de Mâcon n’a pas fait une démarche à notre égard qui n’ait été une infraction, n’a pas dit un mot qui ne soit une injure, n’a pas pris une délibération qui ne soit un outrage. » — « Si le régiment d’Aunis ne nous est pas rendu sur-le-champ, écrit le directoire du Calvados, s’il n’est pas pris des mesures efficaces et promptes pour nous procurer une force publique, nous abandonnerons tous un poste où il ne nous est plus permis de tenir au milieu de l’insubordination, de la

  1. Albert Babeau, Histoire de Troyes, t. I, passim. — Archives nationalesF7, 3257. Adresse du directoire de Saône-et-Loire à l’Assemblée nationale, 1er  novembre 1790. — F7, 3200. Lettre du directoire du Calvados, 9 novembre 1791. — F7, 3195. Procès-verbal de la municipalité d’Aix, 1er  mars 1792 (sur les événements du 26 février) ; lettre de M. Villardy, président du directoire, 10 mars 1792. — F7, 3220. Extrait des délibérations du directoire du Gers, et lettre au roi, 28 janvier 1792. Lettre de M. Lafitau, président du directoire, 30 janvier. (Il a été traîné par les cheveux et obligé de quitter la ville.)