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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


d’imposer l’obéissance. Chaque commune s’arroge le droit de suspendre ou d’empêcher l’exécution des ordres les plus urgents et les plus simples. En dépit de tous les passeports et de toutes les injonctions légales, Arnay-le-Duc a retenu Mesdames ; Arcis-sur-Aube retient Necker ; Montigny va retenir M. Gaillard, ambassadeur de France[1]. — Au mois de juin 1791, un convoi de quatre-vingt mille écus de six livres part de Paris pour la Suisse ; c’est un remboursement du gouvernement français au gouvernement de Soleure ; la date du versement est fixée, l’itinéraire est décrit ; toutes les pièces nécessaires sont fournies, il faut arriver pour l’échéance ; mais on a compté sans les municipalités et sans les gardes nationales. Arrêté à Bar-sur-Aube, c’est seulement au bout d’un mois et sur un décret de l’Assemblée nationale que le convoi peut se remettre en marche. À Belfort, il est saisi de nouveau, et, au mois de novembre, il y est encore. Vainement le directoire du Bas-Rhin a ordonné de le relâcher ; la municipalité de Belfort n’a pas tenu compte de cet ordre. Vainement le même directoire a envoyé sur place un commissaire ; ce commissaire a manqué d’être écharpé. Il faut que le général Lückner intervienne en personne, à main-forte, et le convoi ne franchit la frontière qu’après cinq mois de délai[2]. — Au mois de juillet 1791, sur la route de Rouen à Caudebec, un navire français qu’on dit chargé

  1. Archives nationales, F7, 3207. Lettre du ministre Dumouriez, 15 juin 1792. Rapport de M. Gaillard, 29 mai 1799.
  2. Mercure de France, n° du 16 juillet 1791 (séance du 6) ; n° du 5 novembre et du 26 novembre 1791.