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LA RÉVOLUTION


enfant malade mourir entre ses bras. À Aurillac, des potences sont dressées devant les principales maisons ; M. de Niossel, ancien lieutenant criminel, mis en prison pour son salut, est arraché de la prison, et sa tête coupée est jetée sur un fumier ; M. Collinet, arrivant de Malte et suspect d’aristocratie, est éventré, haché, et sa tête promenée au bout d’une pique. Enfin, lorsque les officiers municipaux, les juges, le commissaire du roi, commencent à instruire contre les assassins, ils se trouvent eux-mêmes en si grand danger, qu’ils sont obligés de se démettre ou de se sauver.

Pareillement, dans la Haute-Garonne[1], c’est aussi « contre les insermentés et leurs sectateurs » que l’insurrection a commencé. D’autant plus qu’en diverses paroisses le curé constitutionnel est du club et demande qu’on le débarrasse de ses adversaires ; l’un d’eux, à Saint-Jean-Lorne, « monté sur une charrette, prêchait le pillage à huit cents personnes attroupées ». Par suite, pour débuter, chaque bande expulse les prêtres réfractaires, et force leurs partisans à venir à la messe de l’assermenté. — Mais un pareil succès, tout abstrait et sec, n’est guère profitable, et des paysans soulevés ne se contentent pas à si bon marché. Quand des paroisses, par douzaines, se mettent en marche et emploient leur journée au service public, il leur faut un dédommage-

  1. Archives nationales, F7, 3219. Lettres de M. Niel, administrateur du département de la Haute-Garonne, 27 février 1792 ; de M. Sainfal, 4 mars ; du directoire du département, 1er mars ; du commissaire du roi près le tribunal de Castelsarrasin, 13 mars.