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LA RÉVOLUTION


corps administratifs, mauvais sujets du coin des rues, « vagabonds des campagnes qu’on fait marcher par le sort ou par argent[1] », avec eux des exaltés, des fanatiques, tellement qu’à partir de mars 1792, depuis leur lieu d’engagement jusqu’à la frontière, leur trace est partout marquée par des pillages, des vols, des dévastations et des assassinats. Naturellement, en route et à la frontière, ils dénoncent, chassent, emprisonnent ou massacrent leurs officiers, surtout les nobles. — Et pourtant, en cette extrémité, nombre d’officiers nobles, surtout dans l’artillerie et le génie, s’obstinent à leur poste, les uns par principes libéraux, les autres par respect de la consigne, même après le 10 août, même après le 2 septembre, même après le 21 janvier, comme leurs généraux Biron, Custine, Flers, Broglie, Montesquiou, avec la perspective incessante de la guillotine qui viendra les prendre au sortir du champ de bataille et jusque dans les bureaux de Carnot.

VII

Il faut donc que les officiers et les nobles s’en aillent et qu’ils s’en aillent à l’étranger, non seulement eux, mais leur famille. « Des gentilshommes ayant à peine six cents livres de rente partent à pied[2] », et, sur le motif de

  1. Rousset, les Volontaires de 1791 à 1794, 106. Lettre de M. de Biron au ministre (août 1792) ; 225, Lettre de Vezu, chef du 5e bataillon de Paris à l’armée du Nord (22 juillet 1793). — A Residence in France from 1792 to 1795 (septembre 1792, Arras). — Pour les détails de ces violences, voir les notes à la fin du sixième volume.
  2. Mercure de France, 5 mars. 4 juin, 3 septembre, 22 octo-