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LA RÉVOLUTION


Conformément au dogme populaire, on a voulu subordonner le rouage actif et amortir tous ses effets ; pour cela, il a fallu le réduire au minimum, rompre ses articulations, et le suspendre en l’air pour y tourner comme un jouet ou comme un obstacle. Infailliblement, on finira par le briser à titre d’obstacle, après l’avoir froissé à titre de jouet.

II

Descendons du centre aux extrémités, et voyons les administrations en exercice[1]. — Pour qu’un service se fasse bien et avec précision, il faut d’abord qu’il ait un chef unique, et ensuite que ce chef puisse nommer, récompenser, punir et révoquer ses subordonnés. — Car, d’une part, étant unique, il se sent responsable, et il porte dans la conduite des affaires une attention, une initiative, une cohérence, un tact que ne peut avoir une commission ; les sottises ou défaillances collectives n’engagent personne, et le commandement n’est efficace que dans une seule main. — D’autre part, étant maître, il peut compter sur les subalternes qu’il a choisis, qu’il

  1. Principaux textes (Duvergier, Collection des lois et décrets). — Lois sur l’organisation municipale et administrative, 14 décembre et 22 décembre 1789, 12-20 août 1790, 15 mars 1791. Sur l’organisation municipale de Paris, 21 mai-27 juin 1790. — Lois sur l’organisation judiciaire, 16-24 août 1790, 16-29 septembre 1791, 29 septembre-21 octobre 1791. — Lois sur l’organisation militaire. 23 septembre-29 octobre 1790, 16 janvier 1791, 27-28 Juillet 1791. — Lois sur l’organisation financière, 14-24 novembre 1790, 23 novembre 1790, 17 mars 1791, 26 septembre-2 octobre 1791.