Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 4, 1910.djvu/206

Cette page a été validée par deux contributeurs.
194
LA RÉVOLUTION


hommes, femmes et enfants. Après la grêle de 1761, qui avait presque détruit le village de Moranée, il avait reconstruit trente-trois maisons, fourni à d’autres des bois de charpente, procuré du blé à la commune, obtenu aux habitants, pour plusieurs années, une diminution des tailles. En 1790, il a célébré magnifiquement la fête de la Fédération et donné deux banquets, l’un de cent trente couverts pour les municipalités et les officiers des gardes nationales voisines, l’autre de mille couverts pour les simples gardes. Certainement, si quelque gentilhomme peut se croire populaire et en sûreté, c’est celui-ci. — Le 24 juin 1791, les municipalités de Moranée, Lucenay et Chasselay, avec leurs maires et leurs gardes nationales, environ deux mille hommes, arrivent au château, tambours battants et drapeaux déployés. M. de Chaponay va au-devant d’eux et leur demande ce qui lui vaut « le plaisir » de leur visite. Ils répondent qu’ils ne viennent pas pour l’offenser, mais pour exécuter les arrêtés du district qui leur a commandé de s’emparer du château et d’y mettre soixante hommes de garde : demain le district et la garde nationale de Villefranche viendront en faire la visite. — Notez que cet ordre est imaginaire, car M. de Chaponay a beau le réclamer, ils ne peuvent le produire. Très probablement, s’ils se sont mis en marche, c’est sur le bruit faux que la garde nationale de Villefranche va venir, et leur dérober un butin sur lequel ils ont compté. — Néanmoins M. de Chaponay se soumet ; il prie seulement les officiers municipaux de faire eux-mêmes les perquisi-