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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


rable de l’uniforme », et que c’eût été leur manquer que de venir sans cet insigne ; du reste, ils doivent remarquer qu’il n’a point d’autres armes. Bailly, toujours furieux et, de plus, exaspéré par ces raisons trop bonnes, se tourne, le fusil à la main, vers le chef du peloton, et lui demande à trois reprises : « Mon commandant, faut-il ? » — Le commandant n’ose prendre sur lui un meurtre si gratuit, se tait et finit par ordonner à M. de Bussy « de f… le camp » ; — « ce que je fis », dit M. de Bussy. — Néanmoins, arrivé chez lui, il écrit à la municipalité pour bien marquer le motif de sa venue et pour demander l’explication d’un pareil traitement. Le maire Perron jette la lettre sans vouloir la lire, et le lendemain, au sortir de la messe, la garde nationale vient, en signe de menace, charger ses armes devant M. de Bussy, tout autour de son jardin. — Quelques jours après, à l’instigation de Bailly, deux autres propriétaires du voisinage sont assassinés chez eux. Enfin, dans un voyage à Lyon, M. de Bussy apprend que l’on rebrûle les châteaux dans le Poitou, et qu’on va recommencer partout ». — Alarmé par tous ces indices, « il prend décidément son parti pour former une troupe de volontaires qui, restant dans son château, pourront venir au secours du canton, sur réquisition légale ». Il estime que quinze hommes braves suffiront. Au mois d’octobre 1790, il en a déjà six avec lui ; des habits verts ont été commandés pour eux ; des boutons d’uniforme ont été achetés. Sept ou huit domestiques pourront faire nombre. En fait d’armes et de