Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 4, 1910.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


traire, jamais aristocratie n’a souffert sa dépossession avec tant de patience, et n’a moins employé la force pour défendre ses prérogatives ou même ses propriétés. À parler exactement, celle-ci reçoit les coups sans les rendre, et, quand elle s’arme, c’est presque toujours avec la bourgeoisie et la garde nationale, sur l’invitation des magistrats, conformément à la loi, pour sauvegarder les personnes et les biens. Les nobles tâchent de ne pas être tués, ni volés, rien de plus ; pendant près de trois ans, ils ne lèvent aucun drapeau politique. Dans les villes où ils ont l’ascendant et que l’on dénonce comme des révoltées, par exemple Mende et Arles, leur opposition se borne à réprimer l’émeute, à contenir la plèbe et à faire respecter la loi. Ce n’est point contre l’ordre nouveau, c’est contre le désordre brutal qu’ils se liguent. — « À Mende, dit la municipalité[1], nous avons eu la gloire de solder les premiers les contributions de 1790. Nous avons remplacé notre évêque ; nous avons installé son successeur sans aucun trouble et sans le secours d’aucune force étrangère… Nous avons dispersé les membres d’une cathédrale auxquels nous tenions tous par les liens du sang ou de l’amitié ; nous avons renvoyé depuis l’évêque jusqu’aux enfants de chœur. Nous n’avions que trois maisons de religieux mendiants, elles ont été toutes les trois supprimées. Nous avons vendu tous les biens

  1. Moniteur, XI, 763 (séance du 28 mars 1792). — Archives nationales, F7, 3235. — Délibération du directoire du département, 29 novembre 1791 et 27 janvier 1792. — Pétition de la municipalité de Mende et de quarante-trois autres, 30 novembre 1791.


  la révolution. ii.
T. IV. — 12