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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


cela « qu’elle s’est emparée des biens de l’Église ; or la nation se compose de tous les Français » et la conclusion est claire. Aux yeux du tailleur, puisque les biens des particuliers français appartiennent à tous les Français, il y a droit, lui tailleur, au moins pour sa quote-part. — On va vite et loin sur cette pente ; car chaque attroupement entend jouir tout de suite et à sa façon. Nul souci des voisins, ni des conséquences, même immédiates et physiques, et, en vingt endroits, la propriété usurpée périt elle-même sous la main des usurpateurs.

C’est dans le troisième département, celui de la Corrèze, qu’on peut le mieux observer cette destruction gratuite[1]. Non seulement, depuis le commencement de la Révolution, les paysans y ont refusé de payer les rentes ; non seulement ils ont « planté des Mais armés de crocs de fer pour pendre » le premier qui oserait les réclamer ou les payer ; non seulement les violences, qui sont de toute espèce, sont commises « par des communes entières », et « la garde nationale des petites communes y participe » ; non seulement les coupables décrétés de prise de corps restent libres, et « on ne parle que de pendre les huissiers qui feront des actes », mais encore, avec la propriété des eaux, la

  1. Archives nationales, F7, 3204. — Lettres du directoire du département, 2 juin 1791, 8 et 22 septembre. — Du ministre de la justice, 15 mai 1791. — De M. de Lentilhac, 2 septembre. — De M. Melon de Pradou, commissaire du roi, 8 septembre. — Mercure de France, 14 mai 1791 (lettre d’un témoin, M. de Loyac, 25 avril 1791).