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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


tion : ce sont MM. Hébray, de Fontanges, et encore d’autres. Toutes leurs maisons sont détruites de fond en comble, ils se sauvent pour ne pas être pendus ; les châteaux de Repaire et de Salviat sont brûlés. Au bout de huit jours, le Quercy est en feu, trente châteaux sont détruits. — Le chef d’une garde nationale rustique, Joseph Linard, à la tête de l’armée villageoise, pénètre dans Gourdon, s’installe à l’hôtel de ville, se déclare protecteur du peuple contre le directoire du district, écrit au département, au nom de « ses frères d’armes », et vante son patriotisme. En attendant, il commande en conquérant, ouvre les prisons, promet que, si l’on congédie la maréchaussée et la troupe, il va se retirer, lui et ses gens, en bon ordre. — Mais ces sortes d’autorités tumultuaires, instituées par acclamation pour l’attaque, sont impuissantes pour la résistance. À peine Linard s’est-il retiré, que la sauvagerie se déchaîne. « La tête des administrateurs est mise à prix ; leurs maisons sont les premières dévastées ; toutes les maisons des citoyens riches sont mises au pillage ; il en est de même des châteaux et des habitations de campagne qui annoncent quelque aisance. » — Contre cette jacquerie qui se propage, quinze gentilshommes, réunis à Castel chez M. d’Escayrac[1], font appel à tous les bons citoyens pour marcher au secours des propriétaires attaqués ; mais il y a trop peu de propriétaires dans la campagne, et chaque ville n’a pas trop des siens pour se garder elle-même. Après quelques escarmouches,

  1. 17 décembre 1790.