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LA RÉVOLUTION


qu’elle soit, est encore un reste de barrière. Quand elle tombe avec le gouvernement, tout est en proie ; il n’y a plus de propriétés publiques. — À partir du 10 août 1792, chaque commune ou particulier s’en approprie ce qui lui convient, produit ou sol. Les déprédateurs vont jusqu’à dire que, puisque le gouvernement ne les réprime plus, il les autorise[1]. « Ils ont détruit jusqu’à des plantations récentes de jeunes arbres. » Tel village près de Fontainebleau s’est partagé et a défriché un morceau entier de la futaie. À Rambouillet, du 10 août à la fin d’octobre, « la perte est de plus de 100 000 écus », et les agitateurs ruraux demandent avec menaces le partage de la forêt entre les habitants. Partout « les dévastations sont énormes », prolongées pendant des mois entiers, et telles, dit le ministre, que cette source de revenu public est pour longtemps tarie. — Les biens communaux ne sont pas plus respectés que les biens nationaux. Dans chaque commune, les gens hardis et besogneux, la populace rurale les exploite et en jouit, par privilège. Non contente de la jouissance, elle en veut encore la propriété, et, quatre jours après la chute du roi, l’Assemblée législative, perdant pied dans la débâcle universelle, donne aux indigents la faculté de pratiquer la loi agraire[2]. Désormais il suffira

  1. Archives nationales, F7, 3268. Lettre du directeur des domaines nationaux à Rambouillet, 31 octobre 1792. — Compte rendu du ministre Clavière, 1er  février 1793.
  2. Décrets du 14 août 1792, du 10 juin 1793. — Archives nationales, Missions des Représentants, D, § 1. (Délibération du district de Troyes, 2 ventôse an III.) — À Thennelières, le tirage des