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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


autorisées et prolongées par l’Assemblée constituante, le peuple lutte de toute sa force, et l’on n’obtient de lui que ce qu’on peut lui arracher.

Sera-t-il plus docile aux taxes nouvelles ? L’Assemblée l’y exhorte et lui représente que, soulagé comme il l’est et patriote comme il doit l’être, il peut et doit s’acquitter. Il le peut ; car, étant dispensé de la dîme, des droits féodaux, de la gabelle, des octrois et des aides, à présent il est à son aise. Il le doit, car les impôts adoptés sont indispensables à l’État, équitables, répartis sur tous à proportion des fortunes, encaissés et dépensés sous un contrôle sévère, sans détournement ni gaspillage, selon des comptes exacts, clairs, périodiques et vérifiés. Sans nul doute, à partir du 1er janvier 1791, date du nouveau régime financier, chaque contribuable s’empressera de payer en bon citoyen, et les deux cent quarante millions du nouvel impôt foncier, les soixante millions du nouvel impôt mobilier, sans compter les autres, droits d’enregistrement, de patente et de douane, rentreront d’eux-mêmes, aisément et régulièrement.

Par malheur, avant que le percepteur puisse toucher les deux premières contributions, il faut qu’elles soient réparties, et à travers la complication des écritures, des formalités, des réclamations, parmi les résistances et les ignorances locales, l’opération se prolonge indéfiniment. L’impôt mobilier et foncier de 1791 n’est distribué par l’Assemblée entre les départements qu’au mois de juin 1791. Il n’est distribué par les départements entre les districts qu’aux mois de juillet, août et septembre 1791. Il

  la révolution. ii.
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