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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


compter, et les attroupements qui viennent requérir ou taxer les grains sont des armées. Il y en a une de six mille hommes qui vient gouverner le marché de Montlhéry[1]. Il y en a une de sept à huit mille hommes qui envahit le marché de Verneuil. Il y en a une de dix mille, puis de vingt-cinq mille hommes qui, pendant dix jours, reste organisée près de Laon. — Là, cent cinquante paroisses ont sonné le tocsin, et l’insurrection s’étend sur douze lieues à la ronde. Cinq bateaux de grains ont été arrêtés, et, malgré les injonctions du district, du département, du ministre, du roi, de l’Assemblée nationale, on refuse de les rendre. En attendant, on en use et on en jouit. « Les officiers municipaux des différentes paroisses rassemblées se sont fait payer de leurs vacations, savoir : 100 sous par jour pour le maire, 3 livres pour les officiers municipaux, 2 livres 10 sous pour les gardes, 2 livres pour les porteur. Ils ont arrêté que ces sommes seraient payées en grains, et ils taxent, dit on, les grains à 15 livres le sac. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’ils se les partagent et qu’il y a déjà quatorze cents sacs de distribués. » Vainement les commissaires de l’Assemblée nationale leur font un discours de trois heures ; le discours fini, on délibère devant eux s’ils seront pendus,

  1. Archives nationales, F7, 3268 et 3269, passim. Procès-verbal de la municipalité de Montlhéry, 27 février 1792. — Buchez et Roux, XIII, 421 (mars 1792), et XIII, 317. — Mercure de France, 25 février 1792. (Lettres de M. Dauchy, président du directoire du département ; de M. de Gouy, envoyé du ministre, etc.) — Moniteur, séance du 15 février 1792.