tité de grain battu, font signer au propriétaire la promesse de l’apporter au marché la semaine suivante. Parfois, comme ils ont appétit, ils se font donner à boire et à manger sur place, et il ne faut pas les mettre en colère : tel fermier et sa femme manquent d’être pendus dans leur propre grenier. — Peine inutile : on a beau séquestrer et pourchasser le blé, il se terre ou s’esquive comme un animal effarouché. En vain les insurrections continuent ; en vain, dans tous les marchés du département[1], des attroupements armés soumettent les grains à la taxe. De mois en mois, le blé plus rare devient plus cher, et, de 26 francs, monte à 33. C’est que le laboureur violenté « n’apporte plus que très peu », juste « ce qu’il lui faut sacrifier pour se soustraire aux menaces ; il vend chez lui ou dans les auberges aux fariniers de Paris ». — Ainsi, en courant après l’abondance, le peuple est tombé plus avant dans la disette ; ses brutalités ont empiré sa misère, et c’est lui-même qui s’est affamé. Mais il est bien loin d’attribuer la faute à son insubordination ; ce sont ses magistrats qu’il accuse ; à ses yeux, « ils sont de connivence avec les accapareurs ». Sur cette pente il ne peut s’arrêter ; sa détresse accroît sa fureur, sa fureur accroît sa détresse, et, par une descente fatale, ses attentats le précipitent dans d’autres attentats.
À partir du mois de février 1792, on ne peut plus les
- ↑ Archives nationales, F7, 3268 et 3269, passim. — Mémoire à l’Assemblée nationale par les citoyens de Rambouillet, 17 septembre 1792.