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LA RÉVOLUTION


sont « deux déserteurs du 18e régiment, condamnés, décrétés, impunis, qui, associés aux plus mauvais sujets et aux plus déterminés de la paroisse, marchent toujours armés et menaçants ». — À Étampes, les deux principaux assassins du maire sont un braconnier condamné plusieurs fois pour braconnage, et un ancien carabinier renvoyé de son régiment avec de mauvaises notes. Autour d’eux sont des artisans « sans domicile connu », ouvriers nomades, compagnons, apprentis, gens sans aveu, rôdeurs de route, qui, les jours de marché, affluent dans les villes et sont toujours prêts lorsqu’il y a quelque mauvais coup à faire. En effet, maintenant les vagabonds pullulent dans la campagne, et contre eux toute répression a cessé.

Depuis un an, écrivent plusieurs paroisses voisines de Versailles[1], on n’a pas vu de gendarmes, sauf celui qui apporte les décrets » ; c’est pourquoi, d’Étampes à Versailles, sur les routes et dans la campagne, « les meurtres et les brigandages » se multiplient. Des bandes de treize, quinze, vingt et vingt-deux mendiants dépouillent les vignobles, entrent le soir dans les fermes, se font donner de force à souper et à coucher, reviennent ainsi tous les quinze jours, et les fermes ou

    envoyés par le département, 11 mars 1792 (à propos de l’insurrection du 4 mars). — Mortimer-Ternaux, I, 381.

  1. Archives nationales, F7, 3268. Lettres de plusieurs maires, administrateurs de district, cultivateurs de Vélizy, Villacoublay, La Celle-Saint-Cloud, Montigny, etc, 12 novembre 1791. — Lettre de M. de Narbonne, 13 janvier 1792 ; de M. Sureau, juge de paix du canton d’Étampes, 17 septembre 1791. — Lettre de Bruyères-le-Châtel, 28 janvier 1792.