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LA RÉVOLUTION


Second drapeau rouge tenu par le valet de ville, seconde promenade, nouveaux coups de fusil, les poufs rouges capturant encore ce drapeau, ainsi qu’un autre officier municipal. — Le reste de la municipalité et un commissaire du roi se réfugient aux casernes et font sortir la troupe. Cependant Froment et ses trois compagnies, cantonnés dans leurs tours et leurs maisons du rempart, résistent en désespérés. Mais le jour a paru, le tocsin a sonné, la générale a battu, les milices patriotes du voisinage, les protestants de la montagne, rudes Cévenols, arrivent en foule. Les poufs rouges sont assiégés ; un couvent de capucins, d’où l’on prétend qu’ils ont tiré, est dévasté, cinq capucins sont tués. La tour de Froment est démolie à coups de canon, prise d’assaut ; son frère est massacré, jeté en bas des murailles ; un couvent de jacobins attenant aux remparts est saccagé. Vers le soir, tous les poufs rouges qui ont combattu sont tués ou en fuite ; il n’y a plus de résistance. — Mais la fureur subsiste, et les quinze mille campagnards qui ont afflué dans la ville jugent qu’ils n’ont pas travaillé suffisamment. En vain on leur représente que les quinze autres compagnies de poufs rouges n’ont pas bougé, que les prétendus agresseurs « ne se sont pas même mis en état de défense », que, pendant toute la bataille, ils sont restés au logis, qu’ensuite, par surcroît de précaution, la municipalité leur a fait rendre leurs armes. En vain l’assemblée électorale, précédée d’un drapeau blanc, vient sur la place publique exhorter les citoyens à la concorde. « Sous prétexte de fouiller les maisons sus-