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LA RÉVOLUTION


« ouvriers sans travail et sans aucune ressource… Des rues entières restent inhabitées… Tant que l’impunité paraîtra assurée à de tels forfaits, la crainte éloignera de cette ville quiconque aura quelques moyens de subsister ailleurs. » — Plusieurs sont revenus après l’arrivée des commissaires, espérant par eux sûreté et justice. Mais, « si l’information n’est pas ordonnée, à peine aurons-nous quitté Aix, que trois cents ou quatre cents familles l’abandonneront… Et quel homme sensé oserait garantir que bientôt chaque village n’aura pas son pendu ?… Des valets de campagne arrêtent leurs maîtres… L’espérance de l’impunité porte les habitants des villages à se permettre toute espèce de dégâts dans les forêts, ce qui est du plus grand danger dans un pays où les bois sont très rares. Ils établissent tous les jours les prétentions les plus absurdes et les plus injustes vis-à-vis des riches propriétaires, et le fatal cordon est toujours l’interprète et le signal de leur volonté. » — Point de refuge contre ces attentats. « Le département, les districts, les municipalités n’administrent que conformément aux pétitions multipliées du club. » — Aux yeux de tous, en un jour solennel, leur défaite éclatante a manifesté leur faiblesse, et, courbés sous leurs nouveaux maîtres, les magistrats ne gardent leur autorité légale qu’à condition de la mettre au service du parti vainqueur.