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LA RÉVOLUTION


attachée. — Il est de foi qu’en matière de discipline comme en matière de dogme, si l’on rejette les décisions de l’Église romaine, on cesse d’être catholique, que la Constitution de l’Église catholique est monarchique, que le caractère sacerdotal y est conféré d’en haut et non d’en bas, que hors de la communion du pape, son chef suprême, on est schismatique, que nul prêtre schismatique ne peut légitimement faire une fonction spirituelle, que nul fidèle orthodoxe ne peut sans péché assister à sa messe ou recevoir de lui les sacrements. — Il est de fait que les fidèles ne sont plus théologiens ni canonistes, que, sauf quelques jansénistes, ils ne lisent plus l’Écriture ni les Pères, que, s’ils acceptent le dogme, c’est en bloc, sans examen, par confiance en la main qui le leur présente, que leur conscience obéissante est dans cette main pastorale, que peu leur importe l’Église du troisième siècle, et que, sur la forme légitime de l’Église présente, le docteur dont ils suivront l’avis n’est pas saint Cyprien qu’ils ignorent, mais leur évêque visible et leur curé vivant. — Rapprochez ces deux données et la conclusion en sort d’elle-même : évidemment, ils ne se croiront baptisés, absous, mariés que par ce curé autorisé par cet évêque. Mettez-en d’autres à la place, réprouvés par les premiers ; vous supprimez le culte, les sacrements et les plus précieuses fonctions de la vie spirituelle à vingt-quatre millions de Français, à tous les paysans, à tous les enfants, à presque toutes les femmes ; vous révoltez contre vous les deux plus grandes forces de l’âme, la conscience et l’habitude. — Et voyez avec