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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


machine, elle se défie de tous les rouages anciens et de tous les rouages nouveaux. Les anciens lui semblent un obstacle, et, au lieu de les utiliser, elle les brise un à un, parlements, états provinciaux, ordres religieux, église, noblesse et royauté. Les nouveaux lui sont suspects, et, au lieu de les accorder, elle les déconcerte d’avance, pouvoir exécutif, pouvoirs administratifs, pouvoirs judiciaires, police, gendarmerie, armée[1]. Grâce à ces précautions, aucun d’eux ne pourra être retourné contre elle ; mais aussi, grâce à ces précautions, aucun d’eux ne pourra faire son office. — Pour bâtir comme pour détruire, elle a eu deux mauvaises conseillères, d’une part la peur, d’autre part la théorie ; et, sur les ruines de la vieille machine qu’elle a démolie sans discernement, la machine nouvelle qu’elle a construite sans prévoyance ne marchera que pour s’effondrer.

    accroire que le corps d’artillerie avait reçu ordre de pointer ses canons contre notre salle ; un autre, qu’elle était minée et qu’on allait la faire sauter ; un autre fut jusqu’à prétendre qu’il avait senti l’odeur de la poudre ; à quoi M. Le comte de Virieu répondit que la poudre n’avait d’odeur que lorsqu’elle était brûlée. »

  1. Dumont, 351. « Chaque loi constitutionnelle était un triomphe de parti. »