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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


« ger un ou deux mois en province avec un compagnon, homme de lettres ». Mais au retour, « par la protection d’un palefrenier de la Cour, il a obtenu un emplacement pour établir un café contre le mur du jardin des Tuileries, presque à côté de l’Assemblée nationale », et maintenant, c’est chez lui, dans son café, à son bureau, que les gagistes des tribunes « viennent apprendre ce qu’ils ont à dire et quel est l’ordre du jour pour les applaudissements ». D’ailleurs il donne de sa personne ; « c’est lui qui pendant trois ans réglera l’esprit public dans la tribune confiée à ses soins, et, pour ses bons et agréables services, l’Assemblée constituante lui décernera une récompense », à laquelle l’Assemblée législative ajoutera « six cents livres de pension, outre un logement dans l’appartement des Feuillants ».

Ainsi payés, on devine comment des gens de cette espèce font leur besogne. Du haut des tribunes[1], ils étouffent par la force de leurs poumons les réclamations de la droite : tel décret, par exemple l’abolition des titres de noblesse, est emporté « non par des cris, mais par d’horribles hurlements[2] ». À la nouvelle que l’hôtel

  1. Moniteur, V, 237 (26 juillet 1790) ; V, 594 (8 septembre 1790) ; V. 631 (12 septembre 1790). — VI, 310 (6 octobre 1790). Lettre de l’abbé Peretti.)
  2. Ferrières, II, 75. — Moniteur, VI, 373, 374 (6 septembre 1790). M. de Virieu. « Il faut réprimer ceux qui par des applaudissements ou par des huées insultent quelques-uns de vos membres et gênent la liberté des débats. Sont-ce trois cents spectateurs qui doivent être nos juges, ou bien la nation ? » — M. Chasset, président : « Monsieur l’opinant, je vous rappelle à