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L’ANARCHIE SPONTANÉE


« lui qui, par ses harangueurs et ses brochures », a rendu tout le monde, et le soldat lui-même, « philosophe ». Il est le foyer du patriotisme, « le rendez-vous de l’élite des patriotes », provinciaux ou parisiens, qui ont tous le droit de suffrage, et ne peuvent ou ne veulent pas l’exercer dans leur district. « Il est plus court de venir au Palais-Royal. On n’a pas besoin d’y demander la parole à un président, d’attendre son tour pendant deux heures. On propose sa motion : si elle trouve des partisans, on fait monter l’orateur sur une chaise. S’il est applaudi, il la rédige. S’il est sifflé, il s’en va. Ainsi faisaient les Romains », et voilà la véritable assemblée nationale. Elle vaut mieux que l’autre, à demi féodale, encombrée « par six cents députés du clergé et de la noblesse » qui sont des intrus, et « qu’il faudrait renvoyer dans les galeries ». — C’est pourquoi l’assemblée pure régente l’assemblée impure, et « le café Foy prétend gouverner la France ».

IV

Le 30 juillet, l’Arlequin qui à Rouen conduisait l’insurrection ayant été arrêté, « on parle ouvertement au Palais-Royal[1] d’aller le redemander en nombre ». — Le 1er août, Thouret, que le parti modéré de l’Assemblée vient d’élever à la présidence, est obligé de se démettre ; le Palais-Royal a menacé d’envoyer une bande pour le

  1. Mounier, Recherches sur les causes, etc., I, 59. — Lally-Tollendal, Seconde lettre, 104. — Bailly, II, 203.


  la révolution. i.
T. III. — 10