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L’ANARCHIE SPONTANÉE


conseiller ou ministre du nouveau règne, et les journaux, qui se fondent par dizaines[1], sont une tribune permanente, où les déclamateurs viennent courtiser le peuple à leur profit. — Tombée en de pareilles mains, la philosophie semble une parodie d’elle-même, et rien n’en égale le vide, si ce n’est la malfaisance et le succès. Dans les soixante assemblées de district, les avocats

    de se produire… On sait quel intérêt avait ce corps (les avocats) à changer la réforme en révolution, la Monarchie en République ; c’était pour lui une aristocratie perpétuelle qu’il s’agissait d’organiser ». — Buchez et Roux, II, 358 (article de C. Desmoulins) : « Dans les districts, tout le monde use ses poumons et son temps pour parvenir à être président, vice-président, secrétaire, vice-secrétaire ».

  1. Eugène Hatin, Histoire de la presse, V, 115. — Le Patriote français, par Brissot, 28 juillet 1789. — L’Ami du peuple, par Marat, 12 septembre 1789. — Annales patriotiques et littéraires, par Carra et Mercier, 5 octobre 1789. — Les Révolutions de Paris, principal rédacteur Loustalot, 17 juillet 1789. — Le Tribun du peuple, lettres par Fauchet (milieu de 1789). — Révolutions de France et de Brabant, par C. Desmoulins, 28 novembre 1789. (Sa France libre est, je crois, du mois d’août, et son Discours de la Lanterne du mois de septembre.) — Le Moniteur ne commence à paraître que le 24 novembre 1789. Dans les 70 numéros suivants, jusqu’au 3 février 1790, les débats de l’Assemblée ont été rédigés ultérieurement, amplifiés et mis sous forme dramatique. Tous les numéros antérieurs au 3 février 1790 sont le produit d’une compilation exécutée en l’an IV. Pour les six premiers mois de la Révolution, la partie narrative est sans valeur. Le compte rendu des séances de l’Assemblée est plus exact, mais devra être refait, séance par séance et discours par discours, lorsqu’on entreprendra une histoire détaillée de l’Assemblée nationale. Les principales sources véritablement contemporaines sont le Mercure de France, le Journal de Paris, le Point du Jour, par Barère ; le Courrier de Versailles, par Gorsas ; le Courrier de Provence, de Mirabeau ; le Journal des débats et décrets, les Procès-verbaux de l’Assemblée nationale, le Bulletin de l’Assemblée nationale, par Maret, outre les gazettes citées ci-dessus pour la période qui suit le 14 juillet, et les discours imprimés à part.