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LA RÉVOLUTION


« écrit un gentilhomme d’Auvergne, on nous a signifié qu’on ne voulait plus payer les percières, et qu’on ne faisait que suivre l’exemple des autres provinces, qui ne payent plus même la dîme, par ordre du roi. » En Franche-Comté, « nombre de communautés sont convaincues qu’elles ne doivent plus rien ni au roi ni à leurs seigneurs… Les villages se partagent les prés et les bois des seigneurs ». — Remarquez que les chartriers et les titres féodaux sont encore intacts dans les trois quarts de la France, que le paysan a besoin de les voir disparaître, et qu’il est toujours armé. Pour que de nouvelles jacqueries éclatent, il suffit que le frein central, déjà détraqué, se casse tout à fait. — C’est l’affaire de Versailles et de Paris, et là-bas, à Paris comme à Versailles, les uns par imprévoyance et entraînement, les autres par aveuglement et indécision, ceux-ci par mollesse, ceux-là par violence, tous y travaillent.

    terres, qui jadis appartenaient absolument à ses ancêtres, avaient été données à cens ou pour de semblables redevances fiscales, en sorte qu’il n’y a pas de comparaison entre les terres ainsi concédées et celles demeurées immédiates dans la famille… Les redevances matérielles que l’Assemblée avait déclarées rachetables se réduisent à rien, sans l’ombre d’une indemnité… La situation de la noblesse est terrible en ce pays ; elle craint qu’on ne lui laisse rien que des chaumières épargnées par l’incendie ; que les métayers ne s’emparent des fermes sans s’acquitter de la moitié du produit, et qu’en cas de refus il n’y ait plus ni lois, ni autorité pour les contraindre… Ce château est, avec la fortune et la vie même des maîtres, à la merci d’une populace armée. »